Ils nous prennent pour des ignares. Leur dernière trouvaille est de « simplifier le bulletin de paie » le 1er janvier 2016. Comme si c’était trop difficile à lire pour nos trop petits cerveaux de salariés (voir le sketch de l’humoriste Franck Lepage qui explique cela avec le sourire .

Alors depuis 2 ans ils préparent leur sale coup, ils appellent ça un « choc de simplification » : « faciliter la lecture du bulletin de paie pour les salariés » et « permettre une économie considérable pour les employeurs ». Le rapport d’un DRH,  de Solvay, JC Sciberras, propose, au lieu de 30 à 40 lignes, un bulletin de 15 à 25 lignes. Ils envisagent même sa dématérialisation en supprimant le support papier. D’un côté ils enlèveront une grande part des informations indispensables aux salariés (taux et base des calculs, détails relatifs aux retraites) pour comprendre leur « salaire brut » et « salaire super brut ». De l’autre, ils espèrent économiser 5,50 euros par bulletin soit 2 milliards pour les caisses patronales.

Depuis des années, ils parlent, à tort juridiquement, de « charges » au lieu de « cotisations ». Les voilà qui espèrent fusionner les « cotisations » et « l’impôt » à la source ce qui serait une des plus grandes contre-révolution budgétaire depuis 1945. Ils fusionneraient ainsi deux budgets, celui pré-affecté à la protection sociale, la part de nos salaires mutualisés (450 milliards), et celui de l’état, qui n’est pas pré-affecté mais débattu chaque année (300 milliards) et répartit l’argent de la guerre ou celui des aides au patronat. Evidemment cette « fusion » sera au détriment de la protection sociale.

Leur premier objectif est de supprimer, en les masquant, puis dans la réalité, les cotisations patronales, le « salaire super-brut » : ils ont baissé les cotisations patronales d’allocations familiales de 1,8 points (35 milliards en 5 ans) désormais modulées en fonction du revenu, avec l’intention de les supprimer. Ils les rendront invisibles entre temps. Ils ont fusionné les cotisations d’aide au Fonds national d’aide au logement (FNAL) pour mieux les baisser. La contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) va disparaître aussi. A cela s’ajoute le dispositif « zéro charge » au Smic étendu jusqu’à 1,6 smic, qui rend opaque le « brut » et les aides aux employeurs. Les cotisations seront redécoupées et apparaitront selon le « risque » (individualisé) et non plus selon les organismes gestionnaires les caisses maladie, chômage, accidents, logement, famille, retraite, formation. Temps d’habillage, de pause et de casse-croute seront effacés. Ce n’est pas une simplification, c’est une complexification orientée, un enfumage.

Source : Gérard Filoche

« Le domaine de la liberté commence là où s’arrête le travail déterminé par la nécessité. »… Karl Marx